Dans cet essai, Constance Bantman retrace l’exil d’anarchistes en direction de Londres. Plus qu’un échange franco-britannique, c’est une vraie réunion internationaliste qui se met en place. Une force insufflée par la présence de grands noms de l’anarchisme, comme Louise Michel, Malatesta ou Kropotkine, regroupe tout type de militant·es et exilé·es.

L’arrivée de plusieurs anarchistes entre 1880 et 1914 change profondément le libéralisme anglais de l’époque et leurs politiques sur l’immigration et la surveillance. Une époque où la lutte armée et la dynamite vont de pair chez les anarchistes.

Les médias anglais et français se font une joie de pouvoir rendre le tout sensationnel et d’assombrir la réputation du mouvement. Alors que la lutte armée fait débat dans les cercles anarchistes, chacun·e y va de son commentaire ou analyse dans les différents journaux anarchistes. Les échanges outre-Atlantique de ces journaux permettent un relai d’informations précieuses et entretient une communication régulière entre les différents pays et leurs homologues anglais·es.

Avec l'arrivée continue d’exilé·es politiques ou réfugié·es fuyant la misère, l’Angleterre met en place des moyens de surveillance et des répressions inédites. Faisant débat au parlement, le durcissement de la loi, soutenue par les plus conservateurs, finit avec le vote de l’Alien Act de 1905.

A première vue, le contrôle et l’enregistrement de tou·tes les immigré·es prennent les anarchistes en exemple, mais à l’approche d’une guerre mondiale le flux d’immigration n’est plus exclusivement anarchiste. La fin des lois scélérates et la perte de vitesse du mouvement rendent historiquement difficile l’excuse anarchiste.

Un premier exil libertaire, ouvrage précis et dense, éclaire sur une période méconnue des relations franco-britanniques et du rôle politique que l'anarchisme a joué.

Antoine