Parlons plutôt ici de l’histoire intime d’une IVG. Celle de Pauline Harmange, jeune autrice parisienne précaire qui, fraîchement diplômée, décide de ne pas poursuivre la grossesse qu’elle vient de découvrir. Avortée est le récit de cette décision et l’analyse de ses suites.

Si engagements et lectures féministes nourrissent la réflexion de l’autrice et sous-tendent tout son témoignage, ils ne le transforment pour autant jamais en essai abscons. Peu importe votre culture en ce domaine, Pauline Harmange vous embarque avec elle dans les méandres de ses questionnements et ressentis. L’occasion aussi pour elle d’étudier le regard de la société actuelle sur son corps, sa vie, ses choix.

Elle ose ici se mettre à nu avec pour objectif affiché de lever les tabous et de nous pousser à nous interroger. De son cas, l’autrice ne tente pas d’en faire une généralité. Et, de fait, son témoignage est ancré sociologiquement, historiquement, culturellement : Pauline Harmange est une jeune Française blanche, intello précaire, militante féministe vivant à Paris, mariée et soutenue par ses proches. Elle ne l’oublie pas, en parle avec franchise pour mieux nous amener justement à dépasser tout cela et poursuivre avec elle une réflexion sur notre rapport à l’avortement, au cœur des combats féministes d’hier… et d’aujourd’hui. Délais, place des hommes, clause de conscience des gynécologues, accompagnement des femmes, préjugés sociaux et raciaux, etc., Pauline Harmange nous rappelle que, contrairement à ce que l’on serait tenté de croire presque cinquante après la loi Veil, la question de l’avortement en France n’est pas close.

Chloé, libraire alterlibriste